Recul des francophones à Montréal

Article paru dans Le Devoir, 19 novembre 2011, p. A 4


Nul n'ayant réagi [dans la version imprimé du Devoir] aux propos de Jack Jedwab sur la situation linguistique à Montréal (Le Devoir, 21 octobre), je me dois d'intervenir, ne serait-ce que pour débusquer le déni et la désinformation qu'il a véhiculés.

Commentant les dernières projections de Marc Termote publiées en septembre par l'Office québécois de la langue française, Jedwab qualifie de «récent» et de «faible» le recul des francophones à Montréal. Pourtant, depuis plus de 30 ans, le pourcentage de Montréalais de langue française n'a pas cessé de régresser, passant de plus de 60 % à 54 % en 2006.

De plus, les projections indiquent que le prolongement des tendances récentes (dont 50 000 immigrants par année) donnerait 47,4 % de francophones en 2031. Un scénario moins pessimiste (comptant 40 000 immigrants par année) conduirait tout de même la fraction des francophones à 51 % dans 20 ans.

Outre le déni, Jedwab sombre dans la désinformation en ajoutant que la fréquence d'utilisation du français «dans le domaine public [...] s'accroît continuellement». Comme il est le directeur général de l'Association d'études canadiennes depuis longtemps, il est très bien placé pour savoir qu'aucune série d'études ne soutient une telle affirmation. La seule enquête ayant cherché à mesurer l'usage des langues dans le domaine public est celle du Conseil de la langue française (1999). Lamentable échec, ce type d'exercice, qui devait être repris périodiquement, n'a pas encore été repensé ni refait.


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Soigneusement planifiée la désinformation vise avant tout à fausser le jugement

Commentaires d’un abonné du Devoir sur ledevoir.com (20 novembre 2011, 10h29)

Il ne faut pas prendre trop au sérieux les "études" de l'Association d'études canadiennes et de son présent directeur général, l'historien Jack Jebwab, anciennement directeur général, de 1994 à 1998, pour le Québec du Congrès Juif canadien. La désinformation vise avant tout à fausser la juste compréhension d'une situation.

Pendant que l'AEC est très bien pourvu financièrement et nous pond périodiquement des articles desinformationnelles, l'Office québécois de la langue française (l'OQLF) croule sous la tâche par manque d'effectifs, soit pour ses recherches, soit pour ses sondages, soit encore pour tout simplement faire respecter la Loi 101 en matière d'affichage. (Le gouvernement Charest a coupé huit postes à l’OQLF au cours des 2006 à 2008, une baisse d’effectif de 3 %).

Quoiqu'il en soit, l'étude de l'OQLF prévoit que d'ici une vingtaine d'années, le nombre d'allophones passera de 20,6 % à 29,5 % sur l'île de Montréal. Le nombre de locuteurs anglophones doit connaître une légère baisse, passant de 25,2 % à 23 %, et les francophones passeront de 54 % à 47 %.

La question qui tue: quelle langue, du français ou de l'anglais, choisiront les allophones de la 2ième et 3ième générations quand on sait que présentement le gouvernement du Québec s'adresse dans plus de 75% d'abord et avant tout en anglais aux nouveaux immigrants? le gouvernement pense-t-il réellement faciliter l'immersion en français en communicant en anglais avec les allophones?

Le pli pris, ces allophones anglicisés communiqueront désormais en anglais avec le gouvernement qui leur fournira dans cette langue tous les services québécois. Et le Québec nous assure, sans rire, qu'il prend tous les moyens pour favoriser le français chez les nouveaux immigrants... voyons donc!

Rodrigue Guimont,
abonné